Qui veut Machia’h ? suite

Nous voici au troisième article de la série sur “comment prier pour la venue du Machia’h”.

Chaque semaine, deux hommes remplissaient un ticket de loto et se bénissaient mutuellement pour gagner. Un des fidèles intervient dans leur conversation : “Vous voulez gagner à la loterie ?!” “Évidemment”, répondirent-ils, “nous avons des familles nombreuses et des enfants mariés. Nous voulons leur acheter des appartements. Quelques millions de plus ne nous feront pas de mal..”. “Ah ! Dit-il amèrement : « Je peux vous parler de ce qui arrive à ceux qui gagnent au loto. Pour moi, avoir gagné a ruiné ma vie et je dois tellement d’argent que même si je travaille toute ma vie, je ne pourrai même pas rembourser un dixième de mes dettes… ».

Ce phénomène mondial de ce qui ont gagné à la loterie et dont la vie fut ruinée est un phénomène bien connu mais pourquoi ? L’explication simple est que tout ce qui dans la vie ne provient pas d’un travail et d’un processus long ne tient pas la route et ne donne droit qu’aux regrets ! Il n’y a pas de raccourcis dans la vie ! Tout changement radical et soudain est très dangereux pour le corps et l’esprit, même un changement positif ! Et nombreux en sont les exemples…Même un prisonnier qui sort de prison vit une expérience difficile car il n’est pas habitué à la vie « en dehors ».

C’est pourquoi les bné Israël n’ont pas quitté l’Égypte en un jour, mais cela a duré presque une année au cours de laquelle ils étaient encore en Égypte. Et même après avoir quitté l’Égypte, ils devaient passer par un processus de raffinement et de purification de quarante-neuf jours jusqu’à ce qu’ils reçoivent la Torah. Et bien que nos Sages aient qualifié : « la rédemption d’hâtive » car il fallait qu’ils sortent d’Egypte, le processus prit du temps. En effet, même après tout cela, ils n’étaient toujours pas prêts à entrer dans le pays et durent « tourner en rond » pendant quarante ans dans le désert.

Dans les articles précédents, nous avons parlé des erreurs commises concernant les prières faites pour la venue du Machia’h et la délivrance.

Dans le premier article, nous avions souligné que nous devons demander que la rédemption vienne avec une grande miséricorde, sans violence, et que toutes les âmes d’Israël soient dignes de la rédemption, sans exception. Dans le deuxième article, nous avions souligné que nous devons prier pour le salut uniquement avec une foi totale, c’est-à-dire avec la joie et la gratitude de ce que nous avons et non pas parce que nous avons des ennuis. Car nous devons seulement vouloir révéler et proclamer le Nom de D.ieu et non pas un Machia’h imaginaire qui nous libérerait de nos ennuis. Dans cet article, parlons d’une autre erreur qui conclut les deux premiers points. Certains pensent à tort que Machia’h viendra en un instant et changera tout. C’est une erreur. La venue de Machia’h sera un long processus et une lente construction pour le peuple d’Israël. Le « tout d’un coup tout ira bien », n’existe pas, et serait dangereux et malsain. Ce processus doit se déroulait à la fois en sein de la nation d’Israël, mais aussi chez chacun en particulier.

Quand vous demandez Machia’h afin de « vous débarrasser » du processus, vous obtenez en réalité tout le contraire. Les souffrances que nous vivons actuellement, nous montrent que nous ne comprenons pas ce que D.ieu fait ; mais cela fait partie de la préparation du peuple d’Israël pour la délivrance. Ainsi, nous devons prier pour la venue du Machia’h, non pas parce que nous sommes fatigués par les processus de rédemption – mais afin de voir de nos yeux la Providence Divine à chaque étape du processus de rédemption, avec foi et joie.

Rabbi Natan dit : « Mon Machia’h est déjà là ». Rabbi Natan était engagé dans sa correction personnelle selon les conseils de Rabbi Na’hman et faisait chaque jour hitbodédout. Il savait que c’était exactement ce que Machia’h dirait que chaque Juif doit faire, sans différence avant et après la venue du Machia’h.Machia’h, amènera tout le peuple d’Israël à parler avec le Créateur, à faire Téchouva et à pratiquer l’introspection chaque jour pour s’améliorer et acquérir la foi. Ce processus, de difficultés et d’épreuves de foi nous oblige à travailler. Celui qui travaille sur lui chaque jour en faisait une heure d’hitbodédout a déjà un avant-gout de Machia’h. Imaginez un soldat qui doit suivre un entraînement difficile et ardu, et qui au bout d’une semaine, dirait à ses commandants : « j’en ai marre de l’entraînement, je veux devenir soldat et combattre au front maintenant…».

Travailler sur soi est la meilleure préparation pour la venue du Machia’h, et en agissant vous pouvez alors prier pour la venue du Machia’h. Mais sans un travail sur soi ni une réflexion sur ce qui vous arrive, vous devriez avoir peur que Machia’h vienne ! La rédemption est un processus, et ceux qui prient pour la rédemption devraient prier pour pouvoir travailler sur soi et faire avancer leur processus personnel et celui du peuple d’Israël ; et prier pour avoir la force d’endurer le processus de rédemption.

Nous traversons ce long exil pour sortir vers le salut « sans empressement ». Il est écrit : « Car tu ne sortiras pas en précipitation et tu ne marcheras pas en hâte » et le midrash explique :

« Vous êtes sortis d’Égypte en toute hâte, mais à l’avenir : tu ne sortiras pas avec empressement, et tu ne marcheras pas en hâte ». Lors la rédemption finale, les fautes auront disparu chez tous par le biais de ses souffrances de ce long exil ; et il leur suffira alors de sortir la main haute dans la plaine et sans hâte ni précipitation.